L. Marshall, F. Champagne,  C. Sturgeon, et P. Bryce I (1997) Améliorer l’estime de soi des agresseurs d’enfants ; Sexual  Abuse:  A  Journal  of Research  and  Treatment,  Vol. 9,  No.  4,  1997:

« Divers théoriciens ont suggéré l’existence d’un lien entre une faible estime de soi et la propension à adopter des comportements sexuellement abusifs (Finkelhor, 1984 ; Groth, 1979) (…) Selon les premiers théoriciens (Coopersmith, 1967, Wylie, 1961), la faible estime de soi trouve son origine dans les relations parents/enfants, bien qu’il soit évident que des expériences ultérieures peuvent également renforcer ou réduire le sentiment d’estime de soi d’une personne (Browne & Dutton, 1995 ; Spencer & Steele, 1992) et que personne n’a encore exclu une contribution génétique.  Les parents qui jugent et ne récompensent pas, ou qui pratiquent une discipline incohérente et sévère, non seulement ne parviennent pas à inculquer à leurs enfants un sentiment d’estime de soi, mais ils ne leur fournissent pas de modèles de comportement social approprié et ne leur donnent pas l’occasion de pratiquer ce comportement (Harter, 1987, 1990 ; Mischel, 1981).  On dit de ces parents qu’ils forment des liens d’attachement médiocres avec leurs enfants (Bowlby, 1969 ; Rothbard & Shaver, 1994), ce qui entraîne divers problèmes dans les relations adultes (Sperling & Berman, 1994).  Il a été démontré que les agresseurs d’enfants ont eu des relations problématiques avec leurs parents (Marshall & Barbaree, 1990 ; Marshall & Mazzueco, 1995) et ces difficultés dans leurs attachements parentaux ont été empiriquement liées à leur confiance en soi à l’âge adulte (Marshall & Mazzucco, 1995). (…)

L’étude de Marshall, Anderson et Champagne (1996) fournit des détails sur la vaste gamme de caractéristiques que les délinquants sexuels partagent avec les sujets ayant une faible estime de soi.  Voici un résumé des caractéristiques communes qui semblent les plus pertinentes pour le traitement.  Pour réussir le traitement des délinquants sexuels, il est essentiel qu’ils participent effectivement au traitement en prenant part aux discussions de groupe, en acceptant d’essayer de nouveaux comportements et d’adopter de nouvelles attitudes, en adoptant de façon persistante ces nouveaux comportements et en s’engageant fermement à changer de comportement.  Ces délinquants ont souvent des problèmes d’estime de soi avec tous ces aspects du traitement et Marshall et al. suggèrent que c’est parce qu’ils souffrent d’une faible estime de soi.  Par exemple, les personnes qui ont une faible estime d’elles-mêmes sont réticentes à s’engager dans le changement (Mayo, 1978 ; Rodin, Elias, Silberstein et Wagner, 1988), hésitent à essayer de nouveaux comportements ou à accepter des croyances différentes (Baumeister, Tice et Hutton, 1989), ne font pas les exercices nécessaires pour acquérir de nouvelles compétences (Blaine et Crocker, 1993 ; Tice, 1993), se découragent facilement dans leurs efforts pour changer (Heatherton & Ambady, 1993), et renoncent facilement à essayer (Marecek & Mettee, 1972) parce qu’ils s’attendent à échouer (Shrauger, 1975). De plus, les personnes qui ont une faible estime d’elles-mêmes résistent aux efforts visant à améliorer leur confiance ou réinterprètent les commentaires encourageants afin de maintenir leur mauvaise image de soi (Spencer, Josephs, & Steele, 1993).

L’intérêt d’améliorer l’estime de soi des délinquants sexuels concerne non seulement la motivation à participer effectivement au traitement, mais aussi l’influence de cette amélioration sur d’autres aspects dysfonctionnels de ces clients.  Par exemple, les personnes qui ont une faible estime d’elles-mêmes déforment l’information disponible de façon intéressée (Blaine et Crocker, 1993) et les délinquants sexuels se caractérisent par des perceptions et des cognitions déformées qui facilitent la commission d’infractions (Abel et coll., 1989).  De même, un manque de préoccupation empathique caractérise à la fois les sujets ayant une faible estime de soi (Hutton, 1991) et les délinquants sexuels (Marshall, Hudson, Jones, & Fernandez, 1995), et nous avons constaté que l’estime de soi et l’empathie envers la victime sont toutes deux déficientes et significativement corrélées chez les agresseurs d’enfants (Marshall, Champagne, Brown, & Miller, sous presse). Les sujets ayant une faible estime d’eux-mêmes ont de graves problèmes d’interactions sociales et de relations avec autrui (Baumeister, 1993 ; Byrne, 1971 ; Murstein, 1972 ; Rosenberg, 1965) et les délinquants sexuels présentent des déficiences similaires en matière d’intimité (Seidman, Marshall, Hudson, & Robertson, 1994) et d’autres difficultés sociales (Marshall & Fernandez, 1997b).  Enfin, on a constaté que la détresse émotionnelle d’une sorte ou d’une autre (p. ex., la colère, l’anxiété, la dépression) est un précurseur important de la délinquance sexuelle (Pithers, Beal, Armstrong et Petty, 1989) et les sujets qui ont une faible estime de soi ont généralement des problèmes émotionnels semblables (Pelham, 1993 ; Tennen et Affleck, 1993). »

W. L. MARSHALL; EMILY CRIPPS; D. ANDERSON; FRANCA A. CORTONI; Queen ’s University (1999) Self-Esteem and Coping Strategies in Child Molesters ; JOURNAL OF INTERPERSONAL VIOLENCE / September 1999

« Il a été suggéré qu’une faible estime de soi est un facteur important dans l’étiologie et le maintien de la délinquance sexuelle, et qu’il faut y remédier pour que le traitement soit efficace (Marshall, Anderson, & Champagne, 1996 ; Marshall & Barbaree, 1990). La recherche a confirmé que les délinquants sexuels manquent effectivement d’estime de soi (Marshall, 1997 ; Marshall, Champagne, Brown, & Miller, 1997 ; Overholser & Beck, 1986), et que ce déficit peut être modifié par un traitement (Marshall, 1996 ; Marshall, Champagne, Sturgeon, & Bryce, 1997). Sur le plan étiologique, nous avons suggéré qu’une faible estime de soi fait que les délinquants sexuels ont peur de faire face aux situations problématiques, de sorte qu’ils apprennent assez tôt dans leur vie à adopter des moyens dysfonctionnels de faire face au stress. »

INVENTAIRE D’ESTIME DE SOI SOCIALE (IESS) (Lawson, Marshall, McGrath, 1979)

L’Inventaire d’estime de soi social (Social Self-Esteem Inventory ; Lawson, Marshall & McGrath, 1979) :  Cet instrument est composé de 30 items descriptifs dont la moitié est sous forme d’affirmations positives et l’autre moitié sous forme d’affirmations négatives. Les participants doivent répondre aux questions en se référant à une échelle de type «Likert» en six points qui va de complètement différent de moi (1) à exactement comme moi (6). L’inventaire a été traduit et adapté en français par Gauthier,  Samson, Turbide et Lawson (1981). Cette version fait preuve d’une bonne consistance interne (alpha = .93) et d’une fidélité test-retest élevée pour une période de cinq semaines (r= 0.95; p< .001).

inventaire_d_estime_de_soi_sociale

Catégories : AICS

0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *