Analyse sur l’évaluation des risques pour les cas de radicalisation et d’extrémisme violent
Le CSCSP a élaboré un rapport sur les instruments de screening et d’évaluation des risques qui existent pour les cas de radicalisation et d’extrémisme violent. Ce rapport sur fonde sur des expertises réalisées par des spécialistes suisses et européen·ne·s et sur les travaux d’un groupe de travail bilingue constitué de praticien·ne·s du milieu suisse de l’exécution des sanctions pénales. Selon la conclusion du CSCSP, les instruments de screening disponibles peuvent être tout à fait utiles pour une première appréciation. Néanmoins, il convient de garder à l’esprit que leurs résultats ne sauraient être considérés comme des évaluations du risque. En effet, le CSCSP estime qu’aucun des instruments actuels d’évaluation des risques ne présente une validité suffisante.
Plutôt qu’un recours à certains outils, le CSCSP recommande de renforcer la collaboration interdisciplinaire entre le domaine de l’exécution des sanctions pénales et les services de police et de renseignement au niveau cantonal.
https://www.skjv.ch/sites/default/files/documents/Radicalisation_Evaluation_des_risques_Analyse.pdf
Si le lien est brisé: Radicalisation_Evaluation_des_risques_Analyse
Extrait:
3.4 Instruments spécifiques d’évaluation des risques
Selon l’»état de l’art» actuel, l’évaluation des risques chez les personnes qui ont déjà été condamnées pour les infractions en question (ou qui, du moins, sont soupçonnées d’avoir commis de tels actes) se fait de manière méthodique, par le biais d’un jugement professionnel structuré (approche dite du JPS).
Certains instruments d’évaluation des risques peuvent aider l’évaluateur à procéder à l’appréciation. Les expertises sur lesquelles ce rapport se fonde analysent les instruments suivants, qui peuvent fournir une aide au jugement professionnel structuré: VERA-2R, ERG22+, IVP Guidance, les MLG et TRAP. Ces instruments ont été spécifiquement développés pour des actes de violence ou de violence de groupe de type extrémiste. Outre ces outils spécifiques, Octagon49 semble également adéquat ici, d’autant qu’il permet de sélectionner «violence en contexte d’idéologies extrémistes» en tant qu’infraction visée. Pour une illustration de la structure et de la conception de tous ces instruments, voir les descriptions détaillées des expertises dans l’annexe du rapport. Tous ces instruments prennent en compte les facteurs de risque dynamiques (autrement dit, variables) et aboutissent à des recommandations concrètes sur les mesures à mettre en place (à l’exception de VERA-2R). Sur les six instruments, seuls Octagon et VERA-2R tiennent compte non seulement des facteurs de risque, mais également des facteurs de protection ; dans le cas de VERA-2R, on ne sait pas dans quelle mesure les facteurs de protection ont une influence sur le risque. Octagon a été conçu pour être un outil de gestion des menaces pour la police et, comme mentionné ci-dessus, il est utilisable dans plusieurs domaines thématiques. ERG22+ a été explicitement élaboré pour le contexte carcéral et l’évaluation de personnes condamnées extrémistes (…)À ce stade, il est crucial de noter que, selon la recherche, ni la validité ni la fiabilité scientifiques d’aucun de ces instruments n’ont encore été suffisamment prouvées. La principale raison est que l’extrémisme violent représente un phénomène marginal, la population des auteurs d’infractions de ce type étant trop peu nombreuse d’un point de vue statistique pour qu’une validation soit possible: les instruments n’ont donc pu être utilisés que pour une population très restreinte, d’où un taux de base (autrement dit, une population de référence) faible. En outre, les instruments n’ont pour l’heure été
expérimentés que dans un petit nombre de pays et dans des contextes spécifiques ; on ne sait pas si les résultats peuvent être transposés à la population carcérale en Suisse. De plus, la recherche critique le fait que les facteurs de risque servant de base à ces instruments n’aient pas encore été suffisamment étudiés quant à leur pertinence, à leur pondération et à leurs relations de causalité et d’interdépendance. Elle déplore également que la conception de l’extrémisme sur laquelle ils reposent soit souvent peu claire ou ne différencie pas assez l’extrémisme non violent de celui qui l’est.
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