Amoindrir les risques de récidive criminelle des condamnés dangereux, Rapport à M. le Président de la République par Vincent LAMANDA, Premier président de la Cour de cassation, 30 mai 2008
Si, pour mesurer la responsabilité d’un criminel qu’on va juger, et cerner sa personnalité, des expertises psychiatriques et médico-psychologiques sont indispensables, l’évaluation de sa dangerosité criminologique ne nécessite pas qu’il soit systématiquement fait appel à un psychiatre.
C’est pourtant à ce seul praticien qu’on a recours actuellement. Faute d’avoir été validés au plan national, des outils d’analyse et d’évaluation multifactoriels, tels l’Historical Clinical Risk (HCR–20), l’entretien d’évaluation du processus de passage à l’acte (l’E.E.P.P.A), l’entretien exploratoire de la cinétique des crimes violents (E.E.C.C.V ) ne sont pas utilisés par l’institution judiciaire française pour apprécier la dangerosité criminologique. Il n’est pas non plus fait référence aux grilles d’analyse actuarielles, par exemple le Violence Risk Appraisal Guide (V.R.A.G), qui définissent une probabilité statistique . Or, la dangerosité criminologique ne se réduit pas à la seule dangerosité psychiatrique (voir infra). C’est une notion complexe qui met en œuvre une série de critères d’appréciation prenant en compte l’ensemble des facteurs, psychologiques, environnementaux et situationnels, de nature à favoriser la commission d’une infraction. On parle aussi de vulnérabilité au passage à l’acte. Il demeure encore nombre de facteurs obscurs dans le déclenchement du passage à l’acte criminel. Toutes les dimensions de l’impact des troubles du comportement sur la récidive ne sont pas exactement mesurées. Il serait donc souhaitable, pour remédier à cette situation, de promouvoir non seulement une politique d’encouragement et de soutien à la recherche criminologique, mais encore le développement de l’enseignement de la criminologie clinique.
Il conviendrait, en premier lieu, de donner une impulsion nouvelle à la criminologie : promouvoir son enseignement et développer la recherche (recommandation n°1)
Rapport-LAMANDA-2008-Amoindrir-les-risques-de-recidive-criminelle-des-criminels-danrgereux
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