Lignes directrices pour une transition réussie des personnes souffrant de troubles mentaux ou de toxicomanie en prison : Guide de mise en œuvre
L’objectif de Guidelines for Successful Transition of People with Mental and Substance Use Disorders from Jail and Prison : Guide de mise en œuvre est de fournir aux acteurs de la santé comportementale, du système correctionnel et de la communauté des exemples de mise en œuvre de stratégies réussies pour la transition des personnes atteintes de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances des établissements correctionnels vers la communauté. Ce guide succède directement à la publication de 2013 intitulée Guidelines for the Successful Transition of People with Behavioral Health Disorders from Jail and Prison (Blandford & Osher, 2013), fruit de la collaboration entre le GAINS Center de la SAMHSA et le Council of State Governments Justice Center, et au rapport de 2002 intitulé A Best Practice Approach to Community Re-Entry from Jails for Inmates with Co-Occurring Disorders : The APIC Model (Osher, Steadman, & Barr, 2002).
Ce guide a pour but de promouvoir la mise en œuvre des lignes directrices de l’APIC par les juridictions en identifiant et en décrivant les diverses stratégies adoptées pour faciliter la réinsertion dans la communauté des personnes impliquées dans des affaires judiciaires et souffrant de troubles mentaux et de troubles concomitants liés à l’utilisation de substances. Les prisons abritent une proportion beaucoup plus importante de personnes souffrant de troubles mentaux, de troubles liés à l’utilisation de substances et de troubles concomitants que le grand public. Alors que l’on estime qu’environ 5 % des personnes vivant dans la communauté souffrent d’une maladie mentale grave, les chiffres comparables dans les prisons d’État et les maisons d’arrêt sont respectivement de 16 % et 17 % (Kessler et al., 1996 ; Ditton, 1999 ; Metzner, 1997 ; Steadman, Osher, Robbins, Case, & Samuels, 2009).
La prévalence des troubles liés à l’utilisation de substances est nettement plus disparate, avec des estimations de 8,5 % dans le grand public (âgé de 18 ans ou plus), mais de 53 % dans les prisons d’État et de 68 % dans les prisons (Substance Abuse and Mental Health Services Administration [SAMHSA], 2014 ; Mumola & Karberg, 2004 ; Karberg & James, 2005). De même, la cooccurrence des troubles mentaux et des troubles liés à l’utilisation de substances est plus élevée chez les personnes incarcérées dans des prisons ou des centres de détention (33 % à 60 %) que chez les personnes non incarcérées (14 % à 25 %) (Wilson, Draine, Hadley, Metraux, & Evans, 2011 ; Baillargeon, et al., 2010 ; SAMHSA, 2012 ; SAMHSA, 2009). La forte prévalence des troubles mentaux et des troubles liés à l’utilisation de substances dans les établissements correctionnels entraîne des résultats moins bons pour les personnes touchées et les organismes correctionnels. Comparativement aux personnes qui n’ont pas de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances, les personnes atteintes de troubles mentaux et de troubles liés à l’utilisation de substances sont moins susceptibles de payer leur caution (Council of State Governments Justice Center, 2012) et plus susceptibles
- de séjourner plus longtemps en prison (Council of State Governments Justice Center, 2012),
- de passer du temps en isolement pendant leur incarcération (Metzner et Fellner, 2010), et
- d’être victimes de victimisation ou d’exploitation (Wolff, Blitz, et Shi, 2007).
Dans les prisons, le personnel du système judiciaire signale que les personnes souffrant de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives présentent une série de déficits physiques, comportementaux et développementaux et éprouvent davantage de difficultés à respecter les règles de l’établissement (Houser, Belenko, & Brennan, 2012). Afin de répondre aux besoins de cette population, des services nouveaux ou élargis ont été mis en place (Hills, Siegfried, & Ickowitz, 2004). Le coût supplémentaire de ces interventions a été justifié par l’amélioration des résultats individuels et systémiques (Cloud & Davis, 2013). Lorsqu’elles sortent de prison, de nombreuses personnes souffrant de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances continuent à ne pas avoir accès aux services et, trop souvent, s’inscrivent dans un cycle d’implication coûteuse dans le système judiciaire (Pew Center on the States, 2011). En effet, le service le moins développé en prison est la planification de la transition (Steadman & Veysey, 1997). Les jours et les semaines qui suivent la réintégration dans la communauté sont une période de vulnérabilité accrue (Binswanger et al., 2007).
Le personnel du système judiciaire, les praticiens du traitement et des services de santé comportementale, les chercheurs et les décideurs politiques s’accordent à dire que le maintien de meilleurs résultats individuels et la réduction de la récidive nécessitent une continuité formalisée des services entre l’institution et la communauté (Griffin, Heilbrun, Mulvey, DeMatteo, & Schubert, 2015). Des modèles locaux et nationaux d’évaluation, de conception et de prestation intersystème des services nécessaires ont été élaborés dans des communautés telles que le comté d’Allegheny (PA), le comté de Franklin (MA), le comté de Gwinnett (GA), le comté de Hampden (MA), le comté de Hancock (OH), le comté de Montgomery (MD) et le comté de Pima (AZ), ainsi que dans le cadre d’initiatives nationales telles que celles menées à Hawaï, en Caroline du Nord et dans l’État de New York.
Ce document fournit des exemples de la mise en œuvre effective de stratégies réussies de transition des personnes souffrant de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances vers la communauté. Bien que les applications mises en évidence reflètent nécessairement les besoins et les ressources locales, ces stratégies de mise en œuvre peuvent être adaptées à une grande variété de communautés et de systèmes judiciaires. Les résultats positifs au niveau individuel, axés sur le rétablissement personnel, nécessitent la continuité des services appropriés entre l’établissement et la communauté.
L’amélioration des résultats au niveau du système, définie comme la diminution des dépenses financières grâce à la réduction des taux de récidive, exige que l’on se concentre en même temps sur les facteurs de risque criminogènes. L’amélioration du système et des résultats individuels dépend de la coordination efficace des efforts des acteurs de la santé comportementale, de l’administration pénitentiaire et de la communauté. Adultes ayant des besoins de santé comportementale sous surveillance correctionnelle : A Shared Framework for Reducing Recidivism and Promoting Recovery (Osher, D’Amora, Plotkin, Jarrett, & Eggleston, 2012), financé par le National Institute of Corrections (NIC), le Bureau of Justice Assistance (BJA), la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), et soutenu par l’Association of State Correctional Administrators (ASCA), l’American Probation and Parole Association (APPA), la National Association of State Mental Health Program Directors (NASMHPD) et la National Association of State Alcohol and Drug Abuse Directors (NASADAD), a été élaboré afin de fournir des lignes directrices procédurales pour la réduction de la récidive, la réussite de la réinsertion et le rétablissement de l’individu.
Ce cadre (Osher et al., 2012) invite les acteurs de la santé comportementale, du système judiciaire et de la communauté à collaborer entre les systèmes pour concevoir et mettre en œuvre des programmes fondés sur des données probantes afin d’atteindre le double objectif du rétablissement individuel et de la réduction des risques. Le modèle APIC (Osher, Steadman, & Barr, 2002) fournit des orientations pour aider les juridictions dans cette tâche. L’acronyme APIC signifie Assess, Plan, Identify, and Coordinate (évaluer, planifier, identifier et coordonner). Les dix lignes directrices associées sont énumérées dans les pages suivantes.
https://library.samhsa.gov/sites/default/files/sma16-4998.pdf
Si le lien est brisé: ADDICTIONS_sma16-4998
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