DASH : Un outil central pour évaluer le risque en matière de violences conjugales
Dans le champ de la criminologie appliquée et de la protection des victimes, disposer d’outils fiables pour évaluer le risque est essentiel. L’un des instruments les plus utilisés dans le monde anglo-saxon est le DASH, acronyme de Domestic Abuse, Stalking and Honour-Based Violence. Développé au Royaume-Uni par Laura Richards, ancienne analyste comportementale à Scotland Yard, cet outil s’est imposé comme une référence dans l’évaluation du risque de violence domestique, de harcèlement criminel et de violences liées à l’honneur.
Qu’est-ce que le DASH ?
Le DASH est un outil standardisé de repérage et d’évaluation des risques, utilisé principalement par les forces de l’ordre, les services sociaux, les professionnels de la santé et les associations spécialisées. Il a été conçu pour :
- Identifier les facteurs de risque immédiats dans les situations de violence domestique ;
- Faciliter une communication interprofessionnelle claire et rapide ;
- Déclencher si nécessaire une mise à l’abri urgente ou un plan de protection de la victime.
L’outil s’appuie sur 27 questions standardisées, posées directement à la victime (ou remplies par un professionnel selon le contexte), et permet de mesurer l’imminence du danger.
Sur quels risques s’appuie-t-il ?
Le DASH évalue une série de facteurs de danger reconnus par la recherche scientifique comme prédictifs d’une aggravation de la violence ou d’un passage à l’acte létal. Parmi eux :
- La récence et la fréquence des violences ;
- Les menaces de mort, de suicide ou de violences contre les enfants ;
- La présence d’armes ou l’accès à celles-ci ;
- La jalousie excessive, le contrôle coercitif ou le harcèlement après séparation ;
- Les conduites à risque (addictions, troubles mentaux, isolement social) chez l’auteur ;
- Le contexte culturel ou familial favorisant des violences liées à l’honneur.
Pourquoi est-il utile ?
Le DASH permet une approche structurée, fondée sur des données probantes, pour identifier les situations où le danger est élevé. Il facilite la prise de décision rapide, notamment en matière de protection judiciaire (ordonnances d’éloignement, intervention des services sociaux, mesures d’hébergement d’urgence, etc.).
Dans certains cas, il permet de mobiliser une conférence MARAC (Multi-Agency Risk Assessment Conference), réunissant différents professionnels autour des cas à haut risque afin d’assurer une réponse coordonnée.
Limites et enjeux
Comme tout outil, le DASH ne remplace pas le jugement clinique. Il est un aide à la décision, mais son efficacité dépend :
- De la formation des professionnels à son usage ;
- Du climat de confiance permettant aux victimes de répondre honnêtement ;
- De sa mise à jour en fonction des nouvelles connaissances sur la dynamique des violences conjugales.
En France, bien que des outils similaires existent (comme le VIOLENCI ou les grilles du protocole de repérage du danger imminent), l’usage du DASH est encore rare, mais inspirant pour les pratiques professionnelles en développement.
Pour aller plus loin
- Télécharger la grille DASH (en anglais) : SafeLives UK – DASH RIC
- Formation gratuite en ligne : certaines plateformes proposent une initiation à l’utilisation du DASH pour les professionnels intervenant auprès de victimes.
- Richards, L. (2009). Domestic Abuse, Stalking and Harassment and Honour-Based Violence Risk Identification Checklist (DASH).
https://safelives.org.uk/wp-content/uploads/Dash-risk-checklist-quick-start-guidance.pdf
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