FRANCE CULTURE (12.01.2013)  Emission « Concordance des temps »: Le viol : histoire d’un crime

Le 16 décembre dernier, une jeune étudiante indienne a été victime d’un viol collectif dans un autobus de New Delhi pendant que son compagnon, qui tâchait de la protéger, était frappé avec une barre de fer. La police a mis longtemps à venir les secourir et à l’hôpital les médecins les ont traités avec une condescendance ostensible. La jeune femme est morte de ses blessures deux semaines plus tard à Singapour où elle avait été transportée. Un puissant mouvement de protestation depuis lors, parcourt le pays. Un mouvement qui est sans précédent et qui réveille le féminisme. Il ne réclame pas la protection des femmes mais d’abord leur liberté de se mouvoir sans danger dans l’espace public.

Or il se trouve que ces évènements font un écho douloureux au manifeste retentissant qu’en France 313 femmes ont signé derrière Clémentine Autain dans Le Nouvel Observateur du 22 novembre pour dire avec éclat qu’elles avaient été elles-mêmes violées et que la réponse de la société, notamment par le fait de la police et de la justice, demeurait en dépit des progrès de la législation, gravement insuffisante, alors qu’il y aurait en France, nous dit-on, un viol toutes les sept minutes. Georges Vigarello, mon invité ce matin, a publié naguère en 1998, une Histoire du viol, qui a été saluée à l’époque et depuis lors comme une contribution majeure et très neuve, à la connaissance de ce crime et de ses effets depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours. Nous allons voir ensemble que la manière dont la société, de siècle en siècle, l’a considéré, châtié, ignoré, éventuellement refoulé ou excusé, que cette manière est destinée à apprendre beaucoup dans le long terme sur les relations entre les hommes et les femmes, le poids des hiérarchies sociales, la place de cette violence parmi toutes les autres, notamment durant les guerres, et en définitive à faire comprendre comment un impératif moral tout simplement élémentaire a pu être étouffé par les préjugés, les hypocrisies, et, derrière le fragile vernis de la civilisation, les cynismes souvent complaisamment tolérés. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

– Déclaration à la tribune du Sénat de Brigitte GROS (sénateur des Yvelines), le 27 juin 1978 (dans notre générique).

– Extrait du film « L’amour violé » de Yannick BELLON, sorti en 1978, avec, dans l’extrait, Nathalie NELL (Nicole) et Lucienne HAMON (le juge).
– Lecture d’un texte de 1483 relatant le viol d’une jeune femme, par Jean-Pierre LEROUX, dans le cadre de l’émissionLes Lundis de l’Histoire de Jacques Le Goff, le 30 janvier 1989.
– Extrait du film « L’amour violé » de Yannick BELLON (1978), avec, dans l’extrait, Nathalie NELL (Nicole), Marco PERRIN (le père de Jean-Louis) et  Andrée DAMANT (la mère de Jean-Louis).
– Interview d’un gendarme à Rosny-sous-BoisInter-Actualités, le 4 janvier 1980.
– Extrait du film « Le juge et l’assassin » de Bertrand TAVERNIER, sorti en 1976, avec, dans l’extrait, Philippe NOIRET (le juge Rousseau) et Michel GALABRU (Joseph Bouvier).
– Témoignage d’une femme violéeInter-Actualités, le 23 mars 1983.

 Bibliographie :

  •  Georges VIGARELLO, Histoire du viol : XVIe-XXe siècles, Seuil, 1998, rééd. 2000;  
  • Alain CORBIN, Jean-Jacques COURTINE, 
  • Georges VIGARELLO (dirs.), Histoire du corps (3 volumes), Seuil, 2005-2006, rééd. en poche en 2011.
  •  Danièle SALLENAVE, Viol, Gallimard, 1997.
  • Laurent MUCCHIELI, Le scandale des tournantes : dérives médiatiques, contre-enquête sociologique, La Découverte, 2005.
  • Marcela IACUB, Par le trou de la serrure. Une histoire de la pudeur publique, XIXe-XXIe siècle, Fayard, 2008.
 Invité(s) :

Georges Vigarello, directeur de recherche à l’EHESS.

http://psychocrimino.free.fr/wp-content/uploads/audio/Le%20viol%20_%20histoire%20d’un%20crime.mp3


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