Martine Herzog-Evans (14/12/2012) L‘indispensable apport de la criminologie
Martine Herzog-Evans, Professeur de droit à l’Université de Reims.
2ème journée du colloque de l’Institut pour la Justice: « Une justice pénale rénovée fondée sur la criminologie moderne » – vendredi 14 décembre 2012

La France serait sans doute plus prudente d’investir d’abord dans ce que l’on appelle les « skills» (compétences et qualités professionnelles) ou encore « core correctional practices » (pratiques correctionnelles fondamentales). C’est que la recherche internationale avance et prend actuellement une nouvelle direction, laquelle ne doit surtout pas être tenue pour antinomique de la RNR et peut se mêler harmonieusement avec elle (Durrance and al., 2010). C’est une nouvelle chose qui peut améliorer l’efficacité de la probation. D’ailleurs on l’a bien compris en Angleterre et aux Pays-Bas, où l’on puise aussi dans ce domaine et en tire déjà des formations et pratiques diverses. C’est notamment grâce à l’australien Chris Trotter que ce mouvement est parti. Celui-ci a démontré dès 1996 (Trotter, 2006) qu’entre deux agents de probation, l’efficacité en termes de prévention de la récidive pouvait être du simple au double, selon les techniques de communication qui étaient employées et la méthode utilisée pour aborder les entretiens individuels. Ceci a donné lieu, pour résumer rapidement, à quatre applications:

  •  la méthode dite du « pro-social modelling » (modèle pro-social) en vertu de laquelle l’agent de probation (et pour nous le JAP) doit être un cadre clair, un modèle de comportement et ne pas laisser passer sans les relever (mais point de manière agressive) les discours pro-criminels;
  •  la méthode dite « problem-solving » (Trotter, 2010), soit résolutive de problèmes, qui consiste à résoudre les problèmes concrets (logement, addiction, problèmes familiaux…) des probationnaires avec leur collaboration ;
  •  la méthode de l’entretien motivationnel, empruntée du traitement de l’addiction et qui permet, grâce à des techniques de communication bien déterminées, d’accroître la motivation du délinquant à changer (Miller et Rollnick, 2012) ;
  •  le « rapport », soit pour utiliser encore une fois un terme utilisé en psychologie, l’« alliance thérapeutique » entre le probationnaire et l’agent de probation, laquelle repose sur une confiance et un lien de personne à personne très fort (Raynor et al., 2010).

Lorsque l’on met tout ceci en œuvre, l’on est bien plus efficace (Dowden et Andrews, 2004).

Apports de la criminologie aux politiques et aux pratiques pénales, par Martine Herzog-Evans (2012)

Voir toutes les vidéos: COLLOQUE de l’Institut Pour la justice : LES SCIENCES CRIMINELLES AU COEUR DES POLITIQUES PÉNALES


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