LE FIGARO (27/09/13) Exécution des peines: «On passe notre temps à courir après les personnes condamnées»
(…) «On parle des 68.000 détenus enfermés, mais il y a surtout 170.000 condamnés en milieu ouvert suivis par l’administration pénitentiaire», rappelle incidemment un directeur de prison. Des détenus particuliers qui sont pris en charge par les Services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), services sur lesquels repose déjà l’essentiel de la politique pénitentiaire.
Contrôles lacunaires
Les professionnels de la justice font bonne figure mais serrent les dents, car quel que soit leur rôle dans la chaîne pénale, tous reconnaissent que «l’intendance ne suit pas». Faute de moyens et nonobstant l’engagement des personnels. En quelques années, «nous sommes soudainement passés de 70 dossiers à plus d’une centaine par conseiller d’insertion et de probation», souligne le directeur d’un des plus grands services d’insertion et de probation de France.
D’un bout à l’autre de l’Hexagone le constat est donc le même: le suivi des personnes condamnées qui ne sont pas incarcérées est indigent. Et le contrôle, quand il s’opère, reste bien lacunaire. Il y a par exemple cette fiche de suivi d’un condamné mentionnant que l’homme serait détenteur d’«une carte de résident», mais que celle-ci n’a pu être présentée car «elle serait en préfecture». Ou encore cette mention faite dans le dossier d’un plâtrier condamné d’une promesse d’embauche dans un commerce de bouche… mais le document manque. Quant à la domiciliation de cet autre délinquant, elle serait bien chez un parent mais les justificatifs font aussi défaut.
Des dossiers faits «de déclaratif et de conditionnel là où les documents précis s’imposent», souligne un juge d’application des peines. Ce responsable de centre de semi-liberté le dit ouvertement: il regrette ne pas avoir «d’information précise sur certains de mes détenus qui rentrent tous les soirs mais dont je ne sais pas précisément s’ils sont allés travailler comme prévu ou s’ils étaient ailleurs durant la journée…. Je brûle parfois de décrocher mon téléphone pour vérifier par moi-même, mais je n’en ai pas droit.» Et de conclure: «S’il y a peine, il doit y avoir contrainte. La perte de sens est là.»
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